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Le SIMC condamne l’intervention du gouvernement dans la grève du SCFP

Un message de Chris Given, président du SIMC

Le droit de grève est l’un des droits les plus fondamentaux des travailleuses et travailleurs. Il est inscrit dans notre Charte des droits et constitue le socle qui permet aux syndicats de s’opposer à l’exploitation, de lutter pour l’équité et de bâtir de meilleurs milieux de travail. Sans ce droit, il reste bien peu de moyens aux travailleurs face aux employeurs et aux gouvernements qui cherchent à dicter les conditions de notre labeur.

Aujourd’hui, ce droit est attaqué. Le gouvernement du Canada a encore une fois bafoué les droits des travailleurs en ordonnant aux agents de bord d’Air Canada, représentés par le SCFP, de reprendre le travail. Cette décision est tombée à peine quelques heures après le début de leur grève. Plutôt que de respecter le processus de négociation collective et les sacrifices consentis par des milliers d’agents de bord qui se battent pour un traitement équitable, Ottawa a préféré piétiner leur droit fondamental de grève. Le gouvernement canadien a choisi son camp : celui des employeurs. Ceci est honteux et indéfendable.

Et ce n’est pas un cas isolé. Le gouvernement fédéral s’appuie de plus en plus sur l’article 107 du Code canadien du travail pour mettre fin aux grèves et forcer les travailleurs à l’arbitrage. Nous avons vu ce pouvoir utilisé ces dernières années contre les cheminots, dans les ports du pays, et maintenant contre les agents de bord. Ce qui devait être un outil exceptionnel, réservé aux situations d’urgence nationale, est en train de devenir la réponse par défaut du gouvernement face aux grands conflits de travail. Chaque recours à l’article 107 ampute un peu plus les droits syndicaux garantis par la Charte et banalise l’idée que le gouvernement peut intervenir dès qu’une grève cause le moindre désagrément aux entreprises ou au public.

Quand un gouvernement agit aussi vite pour réduire au silence un groupe de travailleurs, il établit un dangereux précédent qui nous menace toutes et tous. S’il peut forcer les agents de bord à retourner au travail au moment même où une grève commence, qu’est-ce qui l’empêchera de faire la même chose avec les marins, la prochaine fois que nous serons obligés de retenir notre travail?

Les gestes du gouvernement vont à l’encontre de nos droits constitutionnels et sapent des décennies de progrès durement arrachés par le mouvement syndical. Une grève n’est jamais une décision prise à la légère. C’est un ultime recours, utilisé seulement lorsque les travailleurs n’ont plus d’autre choix. Que le gouvernement retire cet outil et se range encore et encore du côté des employeurs mine le fondement même d’une négociation collective libre et équitable.

Comme marins, nous savons que notre travail est vital. Nous faisons circuler les marchandises à travers le Canada, nous soutenons l’économie et nous œuvrons dans un secteur exigeant et souvent dangereux. Tout comme les agents de bord, notre labeur mérite respect, dignité et juste rémunération. Et, tout comme eux, nous devons pouvoir utiliser tous les moyens à notre disposition, y compris le droit de grève, pour nous défendre à la table des négociations.

C’est pourquoi le Syndicat international des marins du Canada, avec les syndicats d’un océan à l’autre, continuera de se tenir aux côtés de la Composante d’Air Canada du SCFP et de les appuyer dans leur lutte à chaque étape. Leur combat est notre combat. Lorsqu’un groupe de travailleurs est réduit au silence, c’est l’ensemble du mouvement qui s’affaiblit. Quand nous faisons front commun, entre secteurs et entre syndicats, nous sommes plus forts et impossibles à ignorer.

Nous appelons nos membres, nos alliés du mouvement syndical et tous les Canadiens et Canadiennes qui croient en l’équité, en la démocratie et en nos droits fondamentaux à se joindre à nous pour défendre le droit de grève. Le gouvernement ne doit pas pouvoir piétiner nos droits et faire pencher la balance en faveur des employeurs. Ensemble, nous devons riposter.

Nous devons toutes et tous défendre le droit de grève, faute de quoi nous risquons de perdre un à un les droits que nous avons gagnés.

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